
Elle est la pécheresse repentie.
Elle a renoncé au monde et à ses plaisirs futiles, se débarrassant de ses bijoux qu’elle a déposés sur le meuble ou qui jonchent le sol.
Dans le miroir, ce n’est plus son reflet qu’elle contemple, sa beauté s’efface déjà de la surface des choses et son visage tourné nous échappe irrémédiablement.
Une flamme vacille, elle guide sa foi mais, même si le reflet en double la puissance, elle est fragile.
Parce qu’elle s’éteindra une fois consummée, la bougie est un symbole de la vanité de la vie terrestre, tout comme le crâne sur lequel Madeleine a posé ses mains, doigts croisés, et médite.
Elle a renoncé au monde et pourtant le rouge de sa robe, rehaussé de galons d’or, vestige de sa vie de prostituée, flamboie encore à la lueur de la flamme. Madeleine n’a encore rien perdu de la rondeur sensuelle de son ventre.
Elle a renoncé au monde et pourtant les objets qui l’entourent disent encore le luxe dans la simplicité de sa chambre : miroir sculpté et perles étincellent d’un éclat séduisant.
Elle a renoncé au monde et pourtant, à la lueur de la flamme, les jeux d’ombre et de lumière soulignent son sein, laissent deviner son bras sous la transparence de sa chemise, font danser des reflets dans sa longue chevelure rousse.
« Nuit, des nuits la plus ténébreuse,
Jamais la lampe lumineuse,
Ne te vaincra de sa clarté :
Puisque pour empêcher sa flamme,
Tu mêles la nuit de mon âme
Avec ton obscurité » écrit Henry Humbert, poète du XVIIe siècle et lorrain, comme Georges de La Tour.
Et l’ambiguïté de Georges de La Tour est bien là : dans ses clairs-obscurs cohabitent toute la grandeur et toute la misère de l’humanité.
Pour découvrir d’autres tableaux, rendez-vous au Musée Jacquemart-André du 11 septembre 2025 au 25 janvier 2026, pour l’exposition « Georges de La Tour – Entre ombre et lumière ».
Où voir l’œuvre : Metropolitan Museum of Arts, New-York

Magnifique 🙏🙏