Cette fois-ci, je ne pourrai vous révéler tous les secrets de cette photographie. Et je perçois déjà la déception, peut-être même le sentiment de trahison qui vous envahit ! Pourtant, c’est le principe même de l’urbex, dont relève cette oeuvre.
Urbex, c’est l’abréviation d’urban exploration, exploration urbaine, une activité qui consiste à visiter des lieux construits par l’homme et abandonnés. Peu à peu, la nature reprend ses droits et se mêle aux ruines d’une certaine civilisation. Afin que ces lieux ne se dégradent pas et parfois aussi parce qu’il est interdit d’y pénétrer, ceux qui pratiquent l’urbex ne donnent pas d’indications précises sur leur localisation.
Aussi, même sous la torture, l’artiste Jonk ne me confiera pas le lieu précis où il a pris cette photographie. De toute façon, je n’aime pas beaucoup torturer les gens…. Bon, quand même, Jonk avoue qu’il s’agit d’un manoir perdu dans la campagne française… Oui, je sais, c’est vague, mais c’est déjà ça parce que l’artiste prend des clichés dans le monde entier. Depuis 2013, il a photographié plus de 2000 lieux dans plus de 50 pays.
Sur cette oeuvre, dans le manoir abandonné, le jardin d’hiver aux vitraux d’inspiration art nouveau se confond désormais avec le jardin. La verrière est éventrée et le lierre de l’extérieur s’insinue partout, prenant possession des lieux au détriment des plantes cultivées sagement en pot par les anciens propriétaires. La chaise rappelle la présence humaine mais elle est vide à jamais.
Ce qui fascine Jonk, c’est la rapidité avec laquelle la nature reprend ses droits. Ayant pris conscience dès l’enfance des agressions que l’homme fait subir à la nature, Jonk nous invite à faire preuve d’humilité en photographiant les vestiges d’une civilisation qui ne fait que passer, ce qu’il appelle lui-même « le monde perdu ». Ses œuvres dénoncent également les dérives d’une société de consommation qui abandonne certains lieux peu de temps après leur construction pour en bâtir d’autres ailleurs. Mais la nature est la plus forte et survivra à l’homme.
Je demande quand même à Jonk de me confier un dernier secret, il me répond qu’en 2025 sortira son 11e livre, toujours sur des lieux abandonnés bien sûr mais avec un angle jamais vu jusqu’à présent !
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