Dans cet ensemble du XVe siècle commandé par une famille lyonnaise, les Le Viste, chaque tapisserie représente un des cinq sens : odorat, vue, ouïe, toucher et goût.
Chaque sens est mis en scène par la récurrence d’une dame, magnifiquement vêtue et parée de bijoux, et d’une licorne, dans un décor mille-fleurs peuplé d’arbres et d’animaux.
La licorne est un animal ambivalent au Moyen-Age : symbole de pureté car elle ne peut être approchée que par une jeune fille vierge, la licorne est aussi un symbole sexuel.
6 tapisseries mais seulement 5 sens… Que représente alors la sixième tapisserie (notre illustration) : serait-ce un sixième sens ? A moins que ce ne soit la synthèse de tous ?
La tente présente une devise qui est elle-même énigmatique « Mon seul désir » ou « A mon seul désir » selon que l’on considère que le A appartient à la devise ou la précède comme un I semble la suivre. La devise « mon seul désir » serait alors encadrée des initiales d’Antoine Le Viste et de son épouse Jacqueline.
La tapisserie est-elle un cadeau de mariage où se mêlent les symboles de l’amour courtois comme dans les allégories du Roman de la Rose ?
La tapisserie représente-t-elle l’intellect ? Selon Platon en effet, le désir guide nos sens dans la compréhension du monde afin d’accéder à la vérité.
Ou bien la sixième tapisserie met-elle en scène le sixième sens médiéval, le cœur ? En 1402, Jean de Gerson dans « Moralité du coeur et des cinq sens » hiérarchise ainsi les sens, du plus matériel au plus spirituel, faisant du coeur le sens le plus noble.
Le secret de la sixième tapisserie n’est pas encore levé et la dame à la licorne n’a pas fini de nous faire rêver…