La vie des œuvres d’art n’est pas toujours un long fleuve tranquille… Ce chef-d’œuvre de la peinture flamande réalisé par Hubert et Jan van Eyck en 1432 est conservé à la cathédrale de Gand, en Belgique. On peut le voir aujourd’hui… derrière une vitre blindée. Et pour cause, cet objet détiendrait, selon l’historien de l’art Noah Charney, un impressionnant record : il aurait été volé 13 fois ! Mais comment peut-on dérober un retable en chêne, composé de 24 panneaux, qui mesure 3,5 mètres sur 2,2 fermé et 5,2 mètres sur 3,4 mètres une fois ouvert ? Par petits bouts, façon puzzle. Quelques exemples…
En 1794, les 4 panneaux centraux sont pillés pendant les guerres napoléoniennes et exposés au tout jeune musée du Louvre. Ils seront restitués par Louis XVIII après la défaite de Waterloo.
Lors de la Première Guerre mondiale, le chanoine de la cathédrale fait sortir discrètement les panneaux sur des charrettes pour protéger le retable des pillages allemands mais les Allemands parviennent à récupérer quelques panneaux qui seront restitués à la Belgique par le Traité de Versailles, ainsi que des panneaux qui avaient été achetés légalement par le roi de Prusse au XIXe siècle.
En 1934, des casseurs s’introduisent dans la cathédrale et s’emparent de deux panneaux. Le voleur est un bourgeois, sacristain et courtier de son état, qui demande une importante rançon. Il rend l’un des panneaux mais le second, le panneau des Juges intègres, n’a jamais été retrouvé. Il est aujourd’hui remplacé par une copie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler s’empare du panneau central, celui de l’agneau mystique, et le fait cacher dans la mine de sel d’Altraussee en Autriche (le sel protège en effet très bien de l’humidité !) où les Monuments Men, groupe d’historiens de l’art et d’architectes américains, le retrouvent au milieu de milliers d’oeuvres d’art.
Et comme si les multiples vols ne suffisaient pas à cette histoire rocambolesque, en 1822, un feu se déclare dans la cathédrale. On évacue le retable. Le panneau de l’agneau mystique tombe et se fend pile à l’endroit où se trouve l’agneau ! Un restaurateur, dont la connaissance des animaux est assez limitée, remplace l’agneau… par un mouton.