Comment cela, il ne vous plaît pas ce tableau ? Mais vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez de le voir !
Je vous explique…
D’abord, c’est un portrait du cardinal Richelieu et rien que pour cela il mérite un minimum de respect.
Bon, c’est un portrait de Richelieu mort. Je sais, ça jette un froid. Mais figurez-vous que les portraits mortuaires de personnalités et même du commun des mortels ont longtemps été à la mode. A commencer par les gisants, ces statues du défunt étendu sur son lit de mort, qui ornent les tombeaux médiévaux. Puis, à partir de la fin du XVIe siècle, un portrait du roi défunt est présenté au moment de ses funérailles pour attester de son attitude digne face à la mort. Avec l’apparition du daguerréotype au XIXe siècle, la photographie mortuaire, moins chère que la peinture, connait un véritable engouement auprès du grand public : on photographie les morts autant que les vivants (les premiers présentant l’avantage de ne pas bouger à une époque où le temps de pose est long).
Si vous avez de la chance de voir ce portrait de Richelieu, c’est qu’il est caché la plupart du temps et seuls quelques privilégiés peuvent l’admirer en de rares occasions.
En effet, il est conservé derrière un petit volet en bois, à l’Institut de France, quai Conti, dans une salle de l’Académie française, à côté d’un portrait en pied du cardinal, bien vivant cette fois et dans toute sa majesté. Or, on n’ouvre ce petit volet qu’à l’installation d’un nouvel académicien, pour que celui-ci contemple avec gratitude le fondateur de l’Académie française. Pour qu’il se souvienne aussi que s’il est désormais un Immortel, il n’échappera pas pour autant la mort…