
Dans l’ensemble de son œuvre, le peintre Bruno Liljefors surprend la vie des animaux dans leur milieu naturel. Le peintre, lui-même chasseur, est sensible à la poésie de la nature autant qu’à la violence du rapport proies/prédateurs qui régit le monde sauvage.
Prédateurs, comme ce renard gueule ouverte, et proies, à l’image de ce bouvreuil qui se fait dévorer, se livrent un combat sans merci dans des paysages à couper le souffle que la lumière du nord révèle dans un éclat tout particulier.
Sur cette composition, la faune et la flore suédoises se donnent à voir dans un esprit japonisant. A la manière des harimaze où les artistes japonais juxtaposaient plusieurs estampes découpées pour créer une nouvelle composition, le peintre réunit plusieurs tableaux aux motifs variés et aux formes originales. Ainsi ce cercle coupé qui présente un véritable portrait de profil de renard. Ou encore le format vertical lui aussi caractéristique de l’art japonais.
La précision réaliste de la représentation de l’animal, digne d’un naturaliste, se double ainsi d’une dimension artistique que rehausse le cadre doré.
Et si ces portraits d’animaux sont si réalistes, c’est que le peintre multiplie les moyens de les observer au plus près : tantôt il prend pour modèle des animaux naturalisés, tantôt il observe les animaux de sa ménagerie personnelle, enfermés dans des enclos, tantôt il peint sur le vif, en pleine nature, à la manière des impressionnistes. Il va même jusqu’à grimper en haut des arbres pour étudier les nids des oiseaux.
Savourez ce tableau une dernière fois : bientôt il regagnera le secret de la collection particulière du roi de Suède auquel il appartient…