David – Donatello

Moins connu que le David de Michel-Ange, le David de Donatello le précède et l’annonce, quelques 70 ans plus tôt.

Avec cette oeuvre, à plusieurs égards, le sculpteur florentin innove. Paradoxalement son innovation consiste à retourner aux sources, aux sources de l’Antiquité…

Il choisit de mouler son David en bronze, mettant à profit sa formation d’orfèvre. Il représente David nu, comme les héros et les divinités sculptés par les Anciens. Il lui donne une posture appelée contrapposto, le poids du corps reposant sur sa jambe droite tandis que la gauche est pliée. A la fois premier grand bronze et premier nu depuis l’Antiquité, le David de Donatello ouvre la voie à l’art de la Renaissance.

Plus mince, moins musclé que celui de Michel-Ange, le David de Donatello a un corps d’ephèbe. Sa nudité contraste étrangement avec la présence du chapeau des paysans et des jambières du soldat. Plus petit surtout, il ne fait qu’1,58 m quand celui de Michel-Ange dépassera les 5 mètres mais il était destiné à être posé au sommet d’une immense colonne du haut de laquelle il devait toiser ceux qui venaient l’admirer. La position de la main sur la hanche est inédite et traduit la fierté nonchalante du vainqueur. David a le pied posé sur la tête de sa victime, et à ses orteils s’entremêlent les boucles de la barbe de Goliath. L’aile du casque du géant vaincu se dresse dans un dernier élan vain le long de la jambe du jeune David. D’une main, David tient la pierre qui lui a servi à tuer Goliath, de l’autre il a l’épée de son adversaire, sur laquelle il s’appuie avec assurance.

Commandée par Cosme de Médicis, au côté duquel Donatello sera d’ailleurs enterré, la statue légitime la mainmise de ce dernier sur Florence. Comme David, il agit dans l’intérêt de son peuple.

Pourtant en 1494, à la suite du soulèvement contre les Médicis, la statue est emportée par les opposants qui en font un symbole des républicains contre la tyrannie.

Où voir l’oeuvre : Musée national du Bargello à Florence