Aujourd’hui je vous propose un tableau pour célébrer le retour du printemps.
Si les figures allégoriques sont en vogue à la Renaissance, l’originalité d’Arcimboldo consiste à personnifier une abstraction en utilisant un grand nombre d’objets concrets ou d’éléments de la nature.
Il réalise ainsi une série de quatre portraits représentant les quatre saisons.
Approchez-vous du Printemps et observez la multitude de fleurs qui constitue le portrait de la jeune femme. Les reconnaissez-vous ? Deux boutons de rose composent de délicates lèvres, les dents sont des fleurs de muguets, le nez un bouton de fleur encore fermé et une pivoine rose forme l’oreille. La chevelure est représentée par une bouquet de fleurs variées d’où s’échappe, à l’arrière de la tête, un lys. La fraise autour de son cou, cette collerette à la mode au XVIe siècle, est une guirlande de pâquerettes. Du corsage fait de grandes feuilles jaillit un iris. Une petite fraise des bois, à la base de l’iris, annonce discrètement l’arrivée de l’été.
Les fleurs qui encadrent le portrait n’ont pas été peintes par Arcimboldo mais ajoutées sans doute au XVIIe siècle.
Éloge de la richesse de la nature, ce portrait ne représente pas seulement le Printemps… Offert au Duc-électeur de Saxe par l’empereur germanique Maximilien II, il rend hommage à un ordre politique naturel destiné à se perpétuer, comme le printemps qui revient chaque année. La multitude d’éléments floraux qui concourent dans la diversité à créer l’unité de la figure humaine est aussi très symbolique de l’empire des Habsbourg, la famille de Maximilien II, qui a su réunir de nombreux territoires.
Portrait poétique ou politique, cette toile surprenante sème, avec quelques siècles d’avance, les graines du surréalisme…