Fleurs – Georgia O’Keeffe

Aujourd’hui, j’ai envie de vous offrir un bouquet de fleurs, des fleurs colorées, parfumées et mystérieuses.

Si la fleur est un motif pictural courant, l’Américaine Georgia O’Keeffe rompt avec la tradition de la nature morte. La fleur occupe désormais tout le tableau, déborde même parfois du cadre. C’est que l’artiste est très inspirée par la technique du blow up, en photographie. Ce terme qui signifie à la fois « agrandissement » et « explosion » rend bien compte du travail de Georgia O’ Keeffe qui zoome sur un détail de la fleur. L’artiste ne veut pas peindre la fleur telle qu’elle est mais la sensation de la fleur telle qu’on pourrait la voir, la sentir, la toucher en s’en approchant.

Les fleurs de O’Keeffe s’épanouissent sous nos yeux dans un dégradé de couleurs sensuelles. Souvent représentées comme si elles étaient vues de haut, les fleurs donnent au spectateur l’impression d’être un insecte prêt à se poser sur elles. Nous les pénétrons du regard, nous en devinons les secrets intimes.

Par le choix de l’échelle et du cadrage, les fleurs n’apparaissent plus comme telles, et l’on a souvent vu dans ces tableaux des images suggestives. Interprétées par le prisme de la pensée freudienne, les fleurs se métamorphosent en vulves sous les yeux d’un public choqué. Pour échapper à une telle interprétation, Georgia O’Keefe est toujours vêtue de tenues austères qui contrastent avec la vivacité des couleurs de ses fleurs. Elle cessera même ensuite de peindre des fleurs, se tournant vers le paysage.

Mais d’où vient à l’artiste cette obsession pour les fleurs ? Les aime-t-elle particulièrement ? Georgia O’ Keeffe s’en défend avec provocation : « Je déteste les fleurs. Je les peins uniquement parce qu’elles sont moins chères que des mannequins et qu’elles ne bougent pas. »  

Difficile d’échapper aux clichés quand on est une artiste femme. D’autant plus lorsqu’on est, comme Georgia O’Keeffe, l’épouse et la muse d’un artiste célèbre. Elle a en effet été représentée 350 fois par Alfred Stieglitz, photographe et pygmalion, âgé de 30 ans de plus qu’elle. Pour retrouver son indépendance créatrice, elle s’installera seule au Nouveau-Mexique où les paysages désertiques, mais non moins colorés, remplaceront sur ses toiles les exubérantes fleurs.

White Iris No.7, 1957

Oriental popies, 1927

Série White and Blue Flower Shapes, 1919.

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