L’homme et la femme – Pierre Bonnard

Sur cette toile, le spectateur surprend un homme et une femme après l’amour. A gauche du tableau, elle est nue, assise sur le lit, son corps inondé de lumière, elle joue avec deux petits chats. A droite, dans l’ombre, un peu coupé par le cadrage, un peu parti peut-être déjà, il tient un tissu blanc qui suggère qu’il s’apprête à se rhabiller.

Chacun de son côté a la tête baissée, l’air mélancolique. Post coïtum animal triste… Que subsiste-t-il de leur complicité amoureuse ? L’éloignement du couple est renforcé par le paravent qui les sépare. Cet objet de décoration que l’on trouvait souvent dans les intérieurs bourgeois et qui rappelle le goût pour le japonisme n’est pas étonnant sous les pinceaux de Bonnard, « le Nabi très japonard ». Ce qui est curieux en revanche, c’est qu’il est représenté sur sa tranche : on ne peut admirer les motifs qui l’ornent. Il n’est donc là que comme le symbole de l’éloignement, de la séparation du couple après ce moment d’intimité.

C’est bien à une réflexion sur le couple que nous invite Pierre Bonnard, comme le symbolise le miroir dont on aperçoit le bord à gauche du tableau. Malgré l’amour et l’intimité, l’homme est condamné à être seul.

Le peintre lui-même fera dans sa vie l’expérience de l’immuable altérité de l’être aimé. Au sortir d’un tramway parisien, il rencontre Marthe de Méligny, une jeune aristocrate orpheline, il a 26 ans, elle en a 16. Elle devient son amante, elle devient sa muse. On ne compte pas le nombre de tableaux où il la représente, souvent nue. Après des années de relation, ils se marient, en 1925, sans ami, ni famille. Il faut pour l’occasion montrer ses papiers. Et le peintre découvre alors brutalement les secrets de celle qui partage sa vie depuis si longtemps : elle s’appelle en réalité Maria Boursin, vient d’un milieu modeste et a 8 ans de plus que l’âge qu’elle prétendait avoir.

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