Jeunes filles dansant autour d’un obélisque – Hubert Robert

Connaissez-vous Hubert Robert ? C’est le peintre des ruines, de ces traces de la civilisation dont la nature a peu à peu repris possession. Il fut aussi conservateur du récent Musée spécial des Arts, qui deviendra le Musée du Louvre. L’une de ses toiles représente d’ailleurs la galerie du Louvre en ruine !

Mais c’est d’un autre tableau que je vous parle aujourd’hui et, avec lui, nous allons pénétrer dans le temple de tous les secrets, celui de la franc-maçonnerie…

Hubert Robert appartenait en effet à la loge des Neuf soeurs, celle-là même à laquelle appartenaient Voltaire et Benjamin Franklin. Les Neuf sœurs, ce sont les neuf muses : cette loge accorde donc une importance toute particulière aux arts comme vecteur d’éducation universelle.

Ces neuf soeurs, ne les retrouve-t-on pas dans ces 9 jeunes filles qui dansent autour de l’obélisque ?
L’obélisque, ainsi que les pyramides en arrière-plan, sont des motifs courants de la peinture orientaliste. Or, pour les francs-maçons, l’Orient joue un rôle important, lieu de naissance de la sagesse et de la beauté. La loge des Neuf soeurs appartient d’ailleurs au Grand Orient de France.
La pyramide symbolise, par sa forme, l’élévation spirituelle à laquelle aspirent les francs-maçons. Sa forme évoque aussi celle du compas et, entre les deux petites pyramides, se dessine une équerre. Compas et équerre sont deux instruments symboliques de la franc-maçonnerie : ils renvoient en effet aux instruments des bâtisseurs de cathédrales du Moyen-Âge dont les francs-maçons se réclament les héritiers.
Quant à l’obélisque, il est gravé d’un visage qui pourrait être celui d’Osiris-Antinoüs. Or, les rites francs-maçons sont inspirés des rites égyptiens et du mythe d’Osiris.
Certes, l’obélisque et les pyramides renvoient d’abord à la campagne de Bonaparte en Égypte mais c’est là-bas qu’il aurait été lui-même initié à la franc-maçonnerie.

Au siècle des Lumières, les francs-maçons s’opposent à la monarchie et prônent les idées de liberté, d’égalité et de fraternité. Or, ces jeunes filles sont vêtues de blanc et leur ceinture est tantôt bleue, tantôt rouge. Leur danse évoque les fêtes révolutionnaires. Elles dansent autour d’un obélisque brisé qui suggère peut-être qu’il faut détruire les symboles du passé pour bâtir l’avenir.
Enfin cette ronde peut rappeler la corde à noeuds des francs-maçons, objet qui symbolise leur union et l’appartenance à la grande chaîne universelle dont chaque homme est un maillon.

Il est ainsi des secrets qui circulent autour de nous depuis bien longtemps cachés dans de discrets symboles…

Laisser un commentaire