Portraitiste officielle et confidente de Marie-Antoinette, Elisabeth Vigée-Lebrun présente au Salon de 1783 un portrait de la reine en robe dite « en gaulle ». Cette tenue, initiée par Rose Bertin, ministre des modes de Marie-Antoinette, est une robe en mousseline de coton, de soie ou de gaze de couleur blanche. Très décolletée et serrée à la taille, c’est une robe d’intérieur qui, rehaussée
d’un chapeau de paille et d’un bouquet de fleurs sur le tableau, rappelle le retour à la nature de la reine et de son entourage au Petit Trianon ou au Hameau de la Reine.
Mais le tableau fait scandale : il présente la souveraine de manière trop simple, trop intimiste. Une reine en chemise (comprenez une chemise de nuit) ! En plus, elle ne porte aucun bijou ! Déjà qu’on n’aime pas beaucoup l’Autrichienne, les critiques se déchaînent.
Qu’à cela ne tienne, Élisabeth Vigée-Lebrun peint un second portrait. La pose de la reine est identique, le bouquet aussi mais elle porte cette fois une robe à la française, ajustée sur un panier qui affine la taille. La robe en satin brillant bleu-gris est ornée de fines dentelles, avec un noeud sur la poitrine.
De plus, la souveraine porte un double rang de perles autour du cou et sa coiffure est plus travaillée.
L’arrière-plan aussi a changé et c’est à lui que revient de symboliser le goût pour la nature de la reine puisqu’il représente des jardins, sans doute ceux du Petit Trianon ou du Hameau de la Reine.
En 6 ans, Elisabeth Vigée-Lebrun réalise 30 portraits de la reine ! Et c’est grâce à l’intervention de cette prestigieuse amie qu’elle peut entrer à l’Académie royale de peinture et de sculpture alors que son statut de femme de commerçant aurait dû lui en interdire l’accès…
