Depuis 2 semaines, Paris est une fête et quel plus beau symbole que ce tableau coloré de la Tour Eiffel pour célébrer artistiquement la capitale ?
Le petit Robert Delaunay a 4 ans lorsque ses parents l’amènent découvrir la Tour Eiffel lors de l’exposition universelle de 1889.
Cet ouvrage l’obsède. La première fois qu’il peint la Tour, c’est pour l’offrir à Sonia Terk à l’occasion de leurs fiançailles. Il réalise 50 toiles autour de ce motif. Celui qui rêve d’une Europe unie voit dans la Tour Eiffel et ses antennes de radio, symboles de la communication internationale, une Tour de Babel moderne, celle qui précède la chute et peut-être pourra y échapper…
Les œuvres du couple Delaunay sont à la fois singulières dans l’histoire de la peinture et étrangement similaires tant la technique de Robert et Sonia est proche, presque fusionnelle.
Ici, Robert Delaunay représente le monument en plongée, écrasant les pieds de Tour qui sort du cadre comme pour souligner ses dimensions imposantes.
Les différentes couleurs, vives et chaudes, accentuent une géométrie qui confine parfois à l’abstraction. Le Champ de Mars, vu de haut, est constitué de formes ovoidales et rectangulaires.
Voyez comme, sans électricité, la toile est lumineuse. C’est que le couple Delaunay s’appuie sur la théorie des couleurs mise au point au XIXe siècle par le chimiste français Michel-Eugène Chevreul. La perception d’une couleur dépend de la couleur qui lui est juxtaposée. Ainsi une couleur est d’autant plus vibrante, lumineuse que l’on place à côté sa couleur complémentaire : le bleu à côté du orange, le vert à côté du rouge….
Sonia Delaunay aussi a représenté la Tour Eiffel à la fin du livre qu’elle a illustré pour Cendrars, la Prose du Transsibérien. Ce livre accordéon publié à 150 exemplaires faisait, une fois déplié, 2 mètres. 2 mètres x 150, ce qui nous fait la hauteur de la Tour Eiffel !
Où voir l’œuvre : Palais de Tokyo, Paris.