Ce tableau a été choisi pour illustrer l’affiche de l’exposition sur le surréalisme qui s’est ouverte début septembre au centre Pompidou pour célébrer le centenaire du premier manifeste du surréalisme écrit par André Breton.
Le choix de cette toile de l’Allemand Max Ernst est d’autant plus judicieux qu’on ignore souvent que le sous-titre de l’oeuvre est « Le triomphe du surréalisme ».
Surréaliste, ce tableau l’est par la créature chimérique qu’il met en scène. Ce monstre effrayant aux dents aiguisées et aux gestes agressifs semble tout droit sorti d’un cauchemar. Il poursuit sa proie, ses pattes lourdes dont une porte une chaussure ferrée écrasent le sol avec violence. Il est tellement imposant qu’il occupe presque tout le tableau. Vu en contre-plongée , il paraît encore plus grand et menaçant. Pourtant l’effroi qu’il peut susciter est contrebalancé par les couleurs vives qui apportent de la gaieté au tableau et les gestes exagérés qui le rendent caricatural.
Que représente cette créature anthropomorphe qui marche sur ses pattes arrière et porte des vêtements dont les lambeaux suggèrent encore la violence et la destruction ?
Max Ernst s’est lui-même expliqué sur sa signification. Peint en 1937, après la défaite des Républicains en Espagne, le tableau suggère la violence du Franquisme et préfigure la menace des dictatures fascistes à venir. Certains ont d’ailleurs voulu voir dans les membres du monstre qui se plient à angles droits la forme de la croix gammée. Dès lors, le titre « l’ange du foyer » résonne comme une paraphrase ironique !
Avez-vous remarqué l’étrange créature verte à gauche du tableau ? Elle semble sortir du monstre et, en même temps, tenter d’arrêter, de retenir son mouvement destructeur. Il s’agit de Loplop, un oiseau qui incarne le double de Max Ernst. Il suggère que les artistes sont témoins de l’actualité historique et ont aussi un rôle à y jouer. 1937, c’est également la date à laquelle Picasso peint Guernica…
Où voir l’oeuvre : collection privée.