Le négrier de William Turner

Ce tableau qui confine au sublime est sans doute l’un des plus beaux couchers de soleil de la peinture !

Au flamboyant rouge du soleil répond le bleu glacé d’une vague qui s’apprête à déferler, sur un bateau, fragile esquif sur la mer déchaînée.

Turner exprime ainsi toute la puissance de la nature face à laquelle l’homme ne peut rien… 

Mais peu conscient de sa faiblesse ridicule, l’homme peut parfois se livrer aux pires horreurs.

Regardez dans le fatras des vagues au premier plan… A gauche émergent des mains

 A droite, c’est une jambe à la peau brune qui sort de l’eau, une chaîne attachée à la cheville. Autour, de gros poissons se pressent et des mouettes telles des charognards survolent la mer.

Dans ce tableau dont le titre complet est  » Négriers jetant par-dessus bord les morts et les mourants – un typhon approche », Turner s’inspire de l’histoire du négrier Zong, dont le capitaine, en 1781, avait fait jeter 133 esclaves par dessus bord. Son but ? Toucher l’assurance pour « pertes humaines ». Le peintre entend ainsi dénoncer la traite négrière, officiellement abolie depuis quelques années en Angleterre mais qui se pratique encore.

Le coucher de soleil éclabousse comme du sang. Le typhon aux allures apocalyptiques qui se prépare remettra-t-il l’homme à sa juste place ? Ou sera-t-il toujours en-deça de la puissance de la cruauté humaine ?

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