Camille Monet sur son lit de mort – Claude Monet

Quel étrange tableau que ce dernier portrait de Camille, l’épouse de Monet !

Celle qui fut la muse de Monet, son modèle avant de devenir sa femme et la mère de ses enfants, pose une dernière fois, malgré elle.

La tête serrée dans un bonnet, couverte de son voile de mariée (c’est ainsi qu’on enterre les jeunes épouses), un bouquet de fleurs posé sur sa poitrine, elle repose enfin après avoir souffert pendant des mois d’un cancer. Elle a 32 ans, deux petits garçons et vient d’ailleurs à peine d’accoucher du dernier. Bien sûr, Monet est au désespoir. 

Et pourtant, dans un geste un peu fou, presque instinctif, il décide d’en figer l’image pour l’éternité. Celui qui affirme que la couleur est son obsession quotidienne est comme fasciné par les couleurs de la mort. D’un geste rapide et nerveux, Monet fixe le bleu, le rose, le gris sur la toile qui prend alors des tons mauves.

Ne trouvez-vous pas que Camille semble petite ? Monet choisit en effet de représenter sa femme en raccourci, une technique qui permet de créer de la perspective en diminuant les dimensions du sujet. C’est aussi une manière ici de souligner la fragilité de cette épouse trop tôt décédée et, plus généralement, la fragilité humaine devant la mort.

Cette toile, trop intime, l’artiste ne la signera pas et la gardera toute sa vie auprès de lui. Mais si vous observez bien, vous verrez une signature en bas à droite : c’est celle de Michel Monet, le second fils de Claude et Camille, qui authentifie ainsi, à sa mort, les tableaux de son père.

Vous êtes choqué par le sujet ? Le défunt sur son lit de mort ? Sachez que les portraits de défunts sont habituels et remontent même au XVIe siècle : ils permettent aux familles de garder le souvenir du cher disparu, à une époque où l’on n’a pas toujours des portraits des vivants… A la fin du XIXe siècle, les photographes reprendront cette habitude et la rendront même plus populaire car la photographie coûte moins cher qu’un tableau.

Où voir l’œuvre : Musée d’Orsay, Paris.

Laisser un commentaire