La valse – Camille Claudel

La jeune Camille Claudel travaille à cette sculpture pendant plus d’une décennie.

Lorsqu’elle entreprend cette oeuvre en 1889, elle vit une relation passionnée avec Auguste Rodin, qui a 24 ans de plus qu’elle. Il est son maître, son mentor, son amant ; elle est son élève, sa muse, sa collaboratrice.

Dans cette valse, de l’allemand « walzer », « tourner en rond », le couple enlacé tournoie. La ligne oblique des corps mime le subtil déséquilibre de la danse tout autant que le vertige de l’amour. Il en faut peu pour que les corps ne finissent allongés…

Dans la version initiale, Les Valseurs, ce sera le premier titre de l’œuvre, sont entièrement nus. Les corps sont musclés, la chair palpable… L’inspecteur des Beaux-Arts trouve l’oeuvre bien trop osée et lui demande de rhabiller les danseurs. 

Dans un premier temps, l’artiste refuse puis finit par les envelopper d’un voile tourbillonnant qui les recouvre entièrement. Des danseurs nus, nous ne possédons aucune version, seulement des témoignages écrits, et un unique exemplaire, en bronze, nous est parvenu de la deuxième version.

De 1896 à 1905, Camille Claudel travaille sur une troisième version, celle que vous avez sous les yeux. L’homme est toujours nu mais le bas du corps de la femme est entourée de draperies qui s’enroulent en volutes autour des jambes de son partenaire. Le mouvement de l’étoffe souligne la vitesse du tournoiement des danseurs et renforce la sensualité du couple, qu’il réunit comme sous un drap. 

Mais à ce moment-là, Camille Claudel n’est plus avec Auguste Rodin. Enceinte, elle lui avait demandé de l’épouser mais le sculpteur n’abandonnera jamais Rose Beuret, l’ancienne muse et la maîtresse d’une vie.

Le déséquilibre des danseurs est aussi le point de rupture des amants. Le moment où, dans l’amour, la douleur est trop forte, si forte qu’elle pourrait nous faire basculer dans la folie… 

Peu à peu, Camille Claudel s’isole, son travail n’est pas reconnu à sa juste valeur et les crises de paranoïa s’enchaînent … jusqu’à l’internement en 1913.

Il existe de nombreuses versions de cette Valse, en plâtre, en bronze. En 2017, c’est l’arrière-petite-nièce de Camille Claudel qui acquiert, lors d’une vente aux enchères, pour plus d’un million d’euros, un exemplaire disparu depuis 1911 et retrouvé dans un grenier.

(Exemplaire du Musée Rodin, photographie de Scott Lanphere, Wikipedia)

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