Ce tableau anonyme de 1594 a troublé bien des visiteurs du Louvre.
Un rideau rouge semble s’ouvrir rien que pour notre regard curieux sur deux femmes au bain. Elles nous font face et nous regardent, presque effrontément, l’une pinçant le sein de l’autre.
Leur ressemblance est troublante : même peau laiteuse, mêmes traits du visage, même coiffure.
Au fond, la duègne chargée de les surveiller est trop occupée à des travaux de couture pour surprendre notre regard. Et sur la cheminée, découvert par un autre rideau qui ne cache rien, un tableau sur lequel on aperçoit des jambes nues répond comme en écho à la nudité de ces torses de femmes.
Si les bains sont rares à cette époque, le thème de la déesse Diane surprise au bain est très répandu et le chasseur-voyeur est toujours puni.
Et si notre punition était de nous méprendre sur la signification de cette scène qui peut nous paraître érotique alors que l’histoire est tout autre ?
La femme à droite serait en effet Gabrielle d’Estrées, la maîtresse d’Henri IV. Elle tient entre ses doigts un anneau, probablement l’anneau du couronnement que lui aurait donné le roi en guise de promesse de mariage. L’autre femme serait l’une de ses sœurs, la duchesse de Villars. Et son geste n’est pas érotique mais symbolique. Il met en valeur la future maternité de Gabrielle. Alors qu’Henri IV est officiellement marié à Marguerite de Valois avec laquelle il n’a pas d’enfant, Gabrielle lui donne bientôt un fils, puis deux autres enfants, avant de mourir à l’âge de 26 ans.
Gabrielle d Estrées : la presque reine….