David – Michel-Ange

A première vue, cette statue ne semble pas cacher grand-chose. Le moins qu’on puisse dire c’est même qu’elle montre… tout.

Et pourtant, elle recèle bien des secrets.

D’abord savez-vous qui est ce fameux David ? Il s’agit du héros de la Bible, ce jeune berger qui a le courage d’affronter Goliath, le géant philistin. Armé d’une fronde, il accepte le duel et reçoit le soutien de Dieu qui guide la pierre jusqu’au front de Goliath. David devient alors le second roi d’Israël. Michel-Ange choisit de le représenter seul, avant son combat. Levez les yeux, il tient la fronde dans sa main gauche.

Sans le génie d’un Michel-Ange âgé d’à peine 30 ans, cette statue n’aurait jamais existé. En effet, plusieurs artistes avaient en vain tenté de sculpter ce bloc de marbre de Carrare trop étroit, parcouru d’une brèche. Michel-Ange tire parti des défauts du marbre, creusant la brèche pour faire apparaître l’espace entre le bras droit et le torse. Remarquez aussi le travail sur les cheveux, la musculature et la main où affleurent les veines. Le contrapposto (David s’appuie sur une jambe tandis que l’autre est légèrement fléchie) confère à la statue un léger mouvement. C’est toute la puissance et l’énergie contenues du héros avant la bataille !

Savez-vous aussi que cette œuvre était destinée à orner une niche en haut de la cathédrale de Florence, à côté de statues de prophètes ? Mais sa taille (5,17 m de hauteur) la rend difficilement transportable. Et sa nudité sied mal à un édifice religieux. On décide alors de l’installer sur la Piazza della Signoria, devant le Palazzo Vecchio. Suite au départ des puissants Médicis, David devient le symbole de la jeune République.

Surtout, cette œuvre détient sans doute le record de censure ! Dès son exposition, à la Renaissance, Léonard de Vinci a demandé que les attributs de la statue soient couverts d’un pagne. Ce fut plus probablement une guirlande de 28 feuilles de vignes commandée à un orfèvre qui cachèrent pudiquement la nudité de David.

En 1857, le grand duc de Toscane offre une réplique en plâtre du David à la Reine Victoria qui, choquée, demande de cacher ce sexe qu’elle ne saurait voir. Une feuille de vigne en plâtre est fabriquée. Amovible, elle est aujourd’hui exposée à côté de la statue au Victoria et Albert Museum de Londres.

En 1993, la ville de Jérusalem, qui célèbre les 3000 ans de sa fondation, refuse une réplique du David que la ville de Florence veut lui offrir.

En 2013, au Japon, c’est un slip que l’on veut mettre à David ! David en slip au milieu des sakuras ?

En 2020, à l’exposition universelle de Dubaï, la statue est entourée d’une structure à deux étages. La majorité du public n’a accès qu’à l’étage supérieur qui ne laisse voir que la tête et le torse du héros. La vue du bas n’est réservée qu’à quelques privilégiés.

Enfin en 2023, une directrice d’école de Floride est contrainte à la démission pour avoir montré à des élèves de 11 ans cette œuvre que certains parents ont jugée « pornographique ».

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