Le Printemps – Sandro Botticelli

À la Renaissance, les Médicis règnent sur Florence. Parmi eux, Laurent le Magnifique, poète et mécène, qui commande ce tableau à Botticelli à l’occasion du mariage de son cousin. L’oeuvre prendra place au-dessus d’un lettuccio, un lit de repos, non loin du lit conjugal.

Et quel meilleur motif que le printemps, saison du renouveau et de l’amour, pour un cadeau de mariage ?

En cette saison, la nature est luxuriante comme en témoigne le décor : un alignement d’arbres en arrière-plan et un tapis de fleurs à la manière des tapisseries médiévales que l’on appelle mille-fleurs. Au total, ce sont  500 spécimens qui sont représentés dont 190 de fleurs, certaines imaginaires.

Les personnages sont tous des personnages mythologiques liés au printemps. Étrangement, et comme le suggèrent les personnages tounés vers la gauche, ce tableau se lit de droite à gauche et non de gauche à droite, comme on lit les tableaux occidentaux. A droite, en bleu, c’est Zéphyr, le dieu du vent d’ouest. Les joues gonflées, il souffle dans la bouche du personnage à droite, la nymphe Chloris. De la bouche de cette dernière sort des fleurs qui recouvrent ensuite toute la robe du personnage à gauche, Flore, qui répand par brassées, les fleurs qu’elle tient. D’après les Métamorphoses d’Ovide, Chloris se transforme en Flore après avoir été enlevée et épousée, au mois de mai, par Zéphyr.

Au centre du tableau, regardant le spectateur et l’invitant d’un geste à se joindre aux personnages, Vénus, la déesse de l’amour et de la beauté. Regardez comme la lumière qui passe entre les arbres derrière elle dessine une auréole autour d’elle, un peu comme autour de la Vierge Marie. C’est qu’à la Renaissance, un courant de pensée que l’on nomme le néoplatonisme et auquel appartient Laurent le Magnifique, essaie d’accorder la mythologie et le christianisme. L’amour terrestre serait ainsi le moyen d’atteindre l’amour divin.

Ne trouvez-vous pas que Flore et Vénus ont le ventre arrondi ? C’est un symbole de fertilité pour la nature qui renaît au printemps comme pour la jeune épouse qui reçoit le tableau en cadeau.

Au-dessus de Vénus, Cupidon, les yeux bandés, tire une flèche au hasard. Prenez garde : en ce printemps, l’amour est aveugle et peut toucher n’importe qui.

La flèche semble viser un groupe de trois femmes qui dansent, ce sont les trois Grâces : Amour , Chasteté et Beauté. A leur gauche, Mercure, que l’on reconnaît à ses sandales ailées et à son caducée, semble éloigner les nuages qui tentent d’assombrir le ciel printanier. Dans le calendrier agraire antique, Mercure est associé à la fertilité des terres. 

Dans cet immense tableau de 3m de large sur un peu plus de 2m de haut, des symboles rappellent le mécène : au-dessus de Zéphyr, les lauriers évoquent le prénom de Laurent tandis que les oranges renvoient par leur forme et leur couleur aux orbes du blason des Médicis.

Plongez dans ce printemps chatoyant où l’amour est prêt à fleurir dans tous les cœurs.

Cet article a 2 commentaires

  1. Turigliatto

    Bonjour Sylvia,
    J’adore toutes ces lectures et votre talent.
    Merci beaucoup et un grand bravo à vous.

    1. Sylvia Roustant

      Merci beaucoup !

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