Les amants de ma femme – Carl Kahler

« Les amants de ma femme », c’est ainsi que le millionnaire américain Robert Johnson surnommait les chats de son épouse, Kate Birdsall Johnson. Le couple aurait possédé jusqu’à 200 chats qui occupaient tout un étage de leur manoir californien et étaient choyés par une armée de domestiques. 

En 1889, Kate perd son mari et l’année suivante sa fille. Plus que jamais, c’est auprès de ses précieux félins qu’elle trouve le réconfort. Elle a alors l’idée de demander à Carl Kahler, un peintre autrichien très en vogue auprès d’une clientèle fortunée de par le monde (il rencontra notamment un vif succès en Australie) d’immortaliser ses petits protégés. Problème : Carl Kahler n’a jamais peint de chats. Qu’à cela ne tienne, il va faire de nombreux tableaux préparatoires pour saisir au mieux leur regard magnétique, leurs poses langoureuses et leur poil soyeux. Il fait dire que pour 5 000 dollars, qui en représenteraient 150 000 aujourd’hui, il y a de quoi faire des efforts !

Il représente ainsi 42 chats, des angoras turcs et des persans, avec au centre Sultan, que sa posture digne et son fascinant regard bleu imposent d’emblée comme le dominant de ce félin harem. Le peintre donne à chaque chat une position, une activité et un regard différents soulignant l’individualité de chaque animal. Les étoffes colorées et chatoyantes et les coffrets précieux au milieu desquels ils évoluent créent une atmosphère luxueuse.

Cette toile de 1 mètre 80 sur 2 mètres, qui est le plus grand tableau du monde à représenter des chats, a immédiatement séduit les visiteurs de l’Exposition universelle de Chicago en 1893 et fit l’objet de multiples reproductions. Eh oui ! On n’a pas attendu les réseaux sociaux pour raffoler d’images de chats ! Carl Kahler se spécialise alors dans la peinture animalière, immortalisant les animaux de compagnie de la bonne société.

Mais le 18 avril 1906, un terrible tremblement de terre, estimé à 7,9 sur l’échelle de Richter, secoue San Francisco et provoque un gigantesque incendie. Au total, près de 3 000 morts… dont le peintre Carl Kahler ! Quant au tableau,  il échappe miraculeusement à la destruction de la galerie où il était conservé.

Où voir l’œuvre : collection privée.

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