Mars et Vénus jouent aux échecs – Alessandro Varotari

Alessandro Varotari, dit Il Padovanino, est un peintre de l’école vénitienne du XVIIe siècle. Il prend souvent pour sujet les amours des dieux. Sur ce tableau, on reconnaît les amants terribles : Mars, en tenue de guerrier, et Venus en tenue… plus légère. A droite, derrière eux, Vulcain, le mari cocu, noie son chagrin dans un tonneau de vin.

Mais pourquoi Mars et Vénus sont-ils en train de jouer aux échecs ? 

Cette curieuse invention du peintre peut s’expliquer ici par la double symbolique du jeu d’échecs. 

A l’origine, il est associé au pouvoir politique et à la guerre. Selon la légende, il aurait été inventé en Inde au VIe siècle pour démontrer au roi sa faiblesse sans le soutien de son entourage. Mettant en jeu des qualités telles que la stratégie, l’intelligence, la persévérance ou encore la patience, il éduque à l’art militaire. Cette symbolique est ici représentée par Mars.

Mais au Moyen-Âge, prisé des cours, le jeu n’incarne plus seulement les valeurs chevaleresques, il revêt aussi une symbolique amoureuse, à laquelle renvoie ici Venus. Dans la poésie courtoise, lorsque la dame gagne aux échecs face à son amant, c’est qu’elle accepte de se donner à lui. Au XIVe siècle, Évrard de Conty écrit « Le livre des échecs amoureux » qui commente un long poème allégorique qu’il a écrit quelques années auparavant : la partie d’échecs qui oppose un jeune homme et une jeune femme symbolise en réalité le cheminement amoureux, chaque coup joué par la dame emportant un peu plus le cœur de son adversaire…

La dualité des couleurs de l’échiquier, le noir et le blanc, évoque la dualité homme/femme ou guerre/amour que représente ce couple de dieux.

Mais le peintre ajoute aussi une bonne dose d’humour : Vénus a l’air de s’ennuyer à ce jeu où elle gagne trop facilement, elle semble taquiner Mars en lui touchant le casque ou le pousse peut-être à constater sa défaite. Elle paraît en tout cas impatiente de passer à d’autres jeux, comme en témoignent le singe malicieux qui commence à déshabiller Mars en lui ôtant sa jambière ou le petit Amour, blotti dans l’entre-jambe de Vénus, qui semble s’ennuyer ferme !

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