The Blue Boy – Thomas Gainsborough

On ne connait pas avec certitude l’identité de ce jeune garçon, peut-être le neveu du peintre, mais ce qui est sûr c’est qu’il est idolâtré par les Anglais.

Le peintre britannique Thomas Gainsborough, pour ce portrait de 1779, s’inspire d’un peintre flamand, qui fut célèbre un siècle auparavant pour ses portraits royaux, Antoon van Dyck. La posture en contraposto à la manière des statues antiques souligne l’élégance de l’enfant, la main sur la hanche suggère la noblesse et l’autorité naturelle mais alors que les enfants royaux de van Dyck sont vêtus de couleurs chaudes, Gainsborough choisit le bleu. Et pas n’importe quel bleu. Le bleu de Prusse, ce pigment synthétique qui vient alors tout juste d’avoir été inventé, un peu par hasard d’ailleurs.

Le portrait de Gainsborough est très apprécié mais « the blue boy » devient vraiment l’enfant chéri de l’Angleterre en 1921 lorsqu’il quitte le pays, vendu à un millionnaire américain, Henry Huntington pour 728 000 dollars. C’est alors le tableau le plus cher du monde ! 90 000 visiteurs se rendent à la National Gallery pour dire adieu à l’enfant du pays.

Ce tableau deviendra par la suite un symbole de la fierté homosexuelle. En effet, la finesse des traits de l’enfant lui confère une certaine ambiguïté quant à son genre. Surtout, lorsque ce personnage devenu iconique sera repris dans des spectacles ou des films, le rôle sera souvent confié à des filles. La petite Shirley Temple porte ainsi le costume du Blue Boy dans  » Boucles d’or » en 1935.

L’habit bleu du personnage de Gainsborough ne cesse par ailleurs d’influencer la culture britannique, du costume d’Austin Power au duffle-coat de l’ours Paddington.

Mais ce personnage en bleu n’était pas tout seul à l’origine. Une analyse aux rayons-X a révélé un homme plus âgé derrière lui et, à droite du tableau, à côté de l’enfant, la présence d’un chien, ce dernier rapprochant le tableau d’une oeuvre de van Dyck représentant les cinq enfants de Charles Ier autour d’un chien. 

Un dernier secret ? Saviez-vous que Serge Gainsbourg avait choisi ce pseudonyme en hommage à Thomas Gainsborough qu’il admirait ? Le chanteur, dont le père était peintre, rêva lui même, en vain, de se faire un nom dans la peinture. Et dans sa chanson « 69, année érotique », l’artiste évoque à plusieurs reprises « Gainsbourg et son Gainsborough », Gainsborough est ici la jeune anglaise Jane Birkin, à laquelle Gainsbourg trouvait une certaine ressemblance avec « The Blue Boy »…

Où voir l’oeuvre : Bibliothèque Huntington, San Marino, Californie.

Cet article a 2 commentaires

  1. Danielle cohen

    Beaucoup apprécié. Rapide et précis, e portrait d’une époque, d’ couleur, étude esthétique , et impacts dans notre histoire contemporaine.

    1. Sylvia Roustant

      Merci !

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