Affiche pour Gismonda – Alfons Mucha

Il est parfois des histoires belles comme des contes de Noël, où se mêlent le hasard et la magie de l’artiste.

Nous sommes à la veille de Noël 1894. Sarah Bernhardt, qui est à la tête du Théâtre de la Renaissance depuis un an, y interprète le rôle- titre de « Gismonda » de Victorien Sardou. La pièce a du mal à démarrer et celle que l’on surnomme « la voix d’or » veut une nouvelle affiche pour relancer sa pièce en janvier.

Mais chez l’imprimeur Lemercier tous les illustrateurs sont en vacances. Tous ? Non, il reste un jeune illustrateur inconnu, originaire de Moravie, qui fut décorateur de théâtre à Vienne avant de s’installer, en 1887, à Paris : il s’appelle Alfons Mucha.

L’affiche qu’il propose à la comédienne lui plaît tellement qu’elle s’écrie : « Ah ! Que c’est beau ! Dorénavant, vous travaillerez pour moi, près de moi. Je vous aime déjà. » Elle lui propose immédiatement un contrat pour ses six prochains spectacles dont « La dame aux camélias », « Lorenzaccio » ou encore »Médée ».

Sarah Bernhardt a eu l’oeil ! A peine est-elle collée sur les murs du Paris de la Belle-Époque qu’on s’arrache l’affiche ! Au sens propre puisque les Parisiens décollent les affiches, soudoient les colleurs d’affiches et viennent les réclamer jusque chez l’imprimeur.

Dès cette première affiche s’impose le style du maître de l’Art Nouveau que va devenir Alfons Mucha : grand format vertical au centre duquel s’inscrit une magnifique silhouette féminine quasiment grandeur nature (l’affiche fait en effet 215 cm sur 74 cm), clin d’œil à l’art byzantin avec la mosaïque, niche qui encadre la femme telle une icône, présence de motifs floraux aux couleurs pastel (ici, la palme que tient Sarah Bernhardt et sa couronne de fleurs) et formes courbes et sinueuses jusque dans la typographie.

Avec ce style tellement reconnaissable, Mucha réalisera de nombreuses affiches pour le théâtre mais aussi pour la publicité. Il est même choisi pour décorer le pavillon de la Bosnie-Herzégovine à l’Exposition universelle de Paris en 1900.

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