Après la tempête – Sarah Bernhardt – 1876

Non ce n’est pas un homonyme ! L’artiste est bien la grande comédienne de la Belle-Époque. Car la Divine a tous les talents : elle excelle au théâtre bien sûr mais elle est aussi peintre et sculptrice.

Et ne croyez pas à une lubie de femme excentrique : elle prend des cours, acquiert son propre atelier en 1873. Elle s’y fait photographier…en pantalon ! Oui, toujours ce goût de la provocation…. Ses sculptures se vendent bien, sa signature est recherchée. 

Certes sa réputation sur scène la précède mais regardez si elle a du talent.

Un jour qu’elle visite la Bretagne, elle rencontre près de la baie des Trépassés une femme à l’air désespéré, qui semble avoir sombré dans la folie. Prise de pitié, Sarah Bernhardt s’intéresse à son histoire. Elle apprend que cette mère a perdu ses 3 fils : le premier à la guerre, le second lors d’un voyage au long cours et le dernier, celui qu’elle aimait désormais pour trois, est mort noyé lors d’une tempête qui déchaîna les flots l’hiver précédent.

C’est cette mère tenant le corps de son jeune enfant que Sarah Bernhardt représente dans le groupe « Après la tempête ». Observez la douleur de cette mère vieillie par le chagrin, la finesse des traits de l’enfant, la précision des mailles du filet qui a repêché le jeune garçon. La tête de la mère penchée sur notre gauche sur son enfant, les jambes ballantes du garçon et sa main qui s’accroche au drapé comme un linceul, évoquent la Piéta de Michel-Ange.

Cette oeuvre exposée au Salon de 1876 remporte un franc succès auprès du public et une mention honorable de la part du jury.

Nombreux sont toutefois ceux qui critiqueront Sarah Bernhardt, lui reprochant de toucher à tous les arts. Rodin ne fut pas tendre avec elle, allant jusqu’à traiter ses sculptures de « saloperies », mais pouvait-il supporter la rivalité d’une femme ? Malgré les critiques, Sarah Bernhardt continue « quand même » car telle est sa devise.

Et il n’empêche que lorsque Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris, se verra confier la construction de celui de Monte-Carlo, c’est à elle qu’il fera appel . Sa sculpture, qui ornera la façade, a pour nom « Le Chant ». Quoi de plus naturel pour celle que Victor Hugo surnommait « la Voix d’or » ?

Photographie du site National Museum of Women in the Arts, Washington, DC.

Où voir l’œuvre : National Museum of Women in the Arts, Washington.

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