Labourage nivernais – Rosa Bonheur

Eh non, chers amis parisiens, Rosa Bonheur n’est pas seulement le nom d’une guinguette !

C’est une peintre exceptionnelle qui a cassé tous les codes de son époque.

Elle se spécialise dans la peinture animalière, un genre jusque là réservé aux hommes.  Pas évident en effet d’observer des animaux, empêtrée dans une longue robe. D’ailleurs quand elle peint le marché aux chevaux parisien, pour fréquenter plus aisément le lieu, elle obtient un permis de travestissement, c’est-à-dire l’autorisation de porter un pantalon  ! Avec ses cheveux courts, on la confond souvent avec un homme. 

Du haut de son mètre cinquante, elle réalise « Labourage nivernais », un tableau de 2,60 sur 1, 33, soit à peu près la taille d’une vache ! Avec ce format normalement utilisé pour la peinture d’histoire, Rosa Bonheur élève le travail qui nourrit l’homme chaque jour en véritable acte héroïque . Lorsque l’État lui commande, en 1848, cette scène de labour pour célébrer le progrès agricole, la jeune femme choisit de mettre en avant les bœufs, des animaux qu’elle connait bien pour s’être amusée à les poursuivre quand, petite fille, elle passait les vacances chez ses grands-parents. Si les hommes sont présents, ils sont relégués à l’arrière-plan et sont bien petits comparés aux animaux.

Observez la précision dans la représentation des bœufs : la musculature, le pelage, la bave qui s’échappe de la bouche des animaux et trahit leur effort et même le regard que jette sur nous le bœuf blanc au centre sont d’un tel réalisme qu’on dirait une photographie.

Le tableau constitue ainsi un précieux témoignage pour les zootechniciens car il met en scène des races aujourd’hui disparues : en effet si les bovidés blancs, de race charolaise, existent toujours, le bœuf rouge aux taches blanches serait de race morvandelle, race disparue au début du XXe siècle.

« Labourage nivernais » apporte le succès à Rosa Bonheur, succès qui ne se démentira jamais.

 Grâce à la vente de ses tableaux, elle achète le château de By, en Seine-et-Marne. Elle est alors la première femme à acheter un bien immobilier à son nom.

Passionnée par les animaux, elle y vit entourée de chevaux, cerfs, gazelles et même de lions et lionnes qu’elle se plaira à peindre.

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