Broadway Boogie-woogie – Piet Mondrian

Réalisé aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, ce tableau est représentatif de l’art abstrait. Composé de couleurs, le gris clair et les couleurs primaires (jaune, bleu, rouge), de formes géométriques, carrés et rectangles, il ne vise pas à la représentation du monde.

Et pourtant…

Son titre ne nous suggère-t-il pas que ces couleurs et ces formes sont signifiantes ?

Les lignes qui se croisent à angles droits rappellent étrangement le plan orthogonal de  New-York dont Broadway est l’un des quartiers. Plus précisément Broadway est le quartier du divertissement, des spectacles. Les couleurs du tableau, à intervalles, clignotent comme les néons des théâtres, les feux aux intersections, illuminent l’espace comme les phares des voitures. 

Outre le lieu, le titre évoque une musique et une danse : le boogie-woogie est un style de jazz très rapide, un blues très rythmé, joué au piano et né aux États-Unis au début du XXe siècle. Son rythme reproduit le martèlement des roues du train sur la voie ferrée. Le mot est d’ailleurs une onomatopée formée sur le nom « boogie », le bogie étant le charriot qui soutient le wagon et qui regroupe deux essieux. C’est ce double essieu qui produit le bruit saccadé caractéristique du train.

Sur la toile, la répétition de petits carrés colorés sur les lignes jaunes, rythme saccadé des notes sur la portée, pourrait constituer une sorte de partition.

Alors, peut-être pas si abstrait, ce tableau qui réussit la synthèse d’éléments visuels et sonores, synesthésie que le peintre Kandinsky avait lui aussi tenté de réaliser dans certains de ses tableaux. 

Envie d’ « écouter » le tableau ? Découvrez-le sur un air de boogie-woogie : https://youtu.be/_d125OlLULs?feature=shared

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