Le rêve – Henri Rousseau

Il est possible de voyager seulement par l’art et le rêve. Et quel voyage ! Suivez-moi dans ce tableau d’Henri Rousseau…Vous connaissez probablement mieux ce peintre sous le nom de douanier Rousseau. Ce surnom, il le doit à son premier métier : il a en effet travaillé à l’octroi où il contrôlait les entrées d’alcool dans Paris.
Dans « Le rêve », il représente une jungle luxuriante, l’un de ses paysages de prédilection, à  la végétation variée : oranges, bananes, fleurs de lotus… Pas moins de 2O nuances de vert composent ce tableau. Cette jungle  est peuplée d’animaux sauvages : deux lions, un serpent, des oiseaux et même un éléphant… Saurez-vous tous les retrouver ? Eh bien, figurez-vous que le douanier Rousseau n’a jamais voyagé ! La faune et la flore dont il s’inspire ne sont pas si sauvages qu’il n’y paraît… Ses modèles, le peintre les trouve au jardin des Plantes et sa ménagerie ainsi qu’au jardin d’Acclimatation.
Dans cette jungle se trouve un objet pour le moins inattendu, un canapé, identique à celui d’Henri Rousseau, sur lequel repose une femme nue qui tend le doigt… mais vers quoi ? Pas facile de le repérer malgré son pagne coloré… Il est pourtant un élément majeur de la toile, cet homme noir qui joue de la musique et semble charmer les deux lions. A moins qu’il ne charme la femme…En haut à droite, la lune nous rappelle qu’il s’agit bien d’un rêve nocturne. Rêve d’une harmonie retrouvée entre l’homme et la nature ? D’un nouveau jardin d’Eden ? Rêve de la femme sur son divan ? Ou rêve du peintre qui représente ici Yadwigha, sa muse polonaise ?
Cette peinture, qui relève de l’art naïf et qui a suscité bien des moqueries par ses traits quelque peu enfantins (Henri Rousseau est un autodidacte qui n’a jamais pris de cours de peinture), annonce le surréalisme par le thème du rêve comme par la juxtaposition d’éléments incongrus. 
Devant cet immense tableau (2,04 x 2,98 m), l’un des plus grands et l’un des derniers avant la mort de l’artiste quelques mois plus tard en 1910, le poète Guillaume Apollinaire dira « Je crois que cette année personne n’osera rire. »

Cette publication a un commentaire

  1. Pierre CHALMIN

    Tout est dit en peu de mots qui illustrent à merveille cette grande œuvre un peu oubliée.

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