El Jaleo – John Singer Sargent

Peintre américain, né à Florence, Sargent découvre l’Espagne en 1879. Il y admire Velazquez et les danses des Roms. 

El Jaleo, d’origine andalouse, peut se traduire par « Le chahut ». Cette danse qu’on appelle aujourd’hui le flamenco est accompagnée d’encouragement bruyants destinés aux danseurs dont le fameux « olé ».

Comme il le fera pour ses portraits parisiens de femmes du monde, Sargent théâtralise son sujet.

La scène est éclairée par devant comme par la rampe du théâtre. La lumière met en valeur les mouvements de la robe blanche de la danseuse. Son bras soulève et fait onduler l’étoffe, découvrant une chaussure à talon. Le châle noir fouette l’air au rythme des tournoiements et des déhanchés de la belle. Son ombre fantasmagorique prolonge démesurément ses gestes enfiévrés.

A gauche, les musiciens sont dans l’obscurité et seules leurs guitares se détachent nettement. Les feux de la rampe allongent leurs ombres sur le mur de manière un peu inquiétante. Celui qui est le plus à droite, tête renversée et bouche ouverte, semble aller chercher son chant au plus profond de lui pour le projeter, longue mélopée, dans toute la pièce. 

Dans ce clair-obscur où les blancs et les noirs dominent, des touches de rouge déchirent la monotonie chromatique : les châles de ces femmes passionnées à droite qui, même assises, ne peuvent s’empêcher de danser, les mots « olé » tracés en lettres de sang sur le mur.

Figeant le mouvement de la danse et la puissance du chant dans le silence de la toile, Sargent a su rendre les infinies nuances de ce spectacle où se mêlent joie et mélancolie, sensualité et violence.

Pour découvrir d’autres tableaux de Sargent, rendez-vous au musée d’Orsay jusqu’au 11 janvier 2026 où se tient l’exposition  » John Singer Sargent. Éblouir Paris ».

Où voir l’oeuvre : Isabelle Stewart Gardner Museum, Boston, Massachusetts.

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