Falaises de craie sur l’île de Rügen – Caspar David Friedrich

C’est en 1818 que Friedrich peint ce tableau… vertigineux.

Il vient de se marier et passe son voyage de noces sur l’île de Rügen qu’il explore avec sa jeune épouse et l’un de ses frères.

La mer est l’un des sujets de prédilection du peintre. Il a pourtant toutes les raisons de la craindre : alors qu’il est enfant et qu’il fait du patinage sur la mer Baltique, la glace craque et l’un de ses frères se noie en le sauvant. Et c’est bien toujours la fragilité de l’homme face à la nature que Friedrich va représenter.

Ici, comme dans la plupart de ses œuvres, les personnages sont si petits, si fragiles, face à la majesté du paysage !

Chaque personnage représente une attitude différente face au vertige que suscite le paysage. La femme à gauche, le bras tendu, sans doute l’épouse de Friedrich, semble vouloir prévenir la chute de l’homme à sa droite, mais elle est bien loin… L’homme au centre, que l’on considère comme un autoportrait de Friedrich, se penche pour mieux observer le paysage en contrebas. Mais sa manière de ramper évoque les gens pris de vertige, incapables de tenir debout et, en même temps, irrépressiblement attirés vers le vide. Enfin, l’homme à droite regarde la mer avec assurance, bras croisés, presque dans une attitude de défi : il voit sans doute dans la mer qui s’étend au loin le symbole de ses rêves et de ses espoirs.

Ces personnages, bien qu’ils soient trois, sont éloignés les uns des autres, leurs regards ne se croisent même pas. Ils nous rappellent combien l’homme est toujours seul face à son destin.

Comme souvent, les personnages de Friedrich nous tournent le dos, nous invitant à nous mettre à leur place et à nous abîmer dans la contemplation du paysage.

Ici, le paysage se fait à la fois sujet et cadre : les arbres et les falaises encadrent la mer, guidant notre regard vers l’infini de la mer aux multiples nuances de couleurs.

Pour le peintre romantique, ami proche de Goethe, qu’est Friedrich, c’est dans la nature que l’homme rencontre Dieu. Si le premier plan, où se débattent les hommes, a encore quelque chose de dramatique, presque de tragique même avec la possibilité d’une chute, le second plan de la mer symbolise la paix et l’harmonie.

Cette publication a un commentaire

  1. Sabine de Saint Albin

    Beau concept , bien réalisé respectant la mise en valeur de l’artiste présenté. Bravo
    Une Artiste !

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