
Turner, peintre anglais célèbre pour ses marines, s’est plu à représenter les dangers de la mer.
Pour cet artiste romantique, qui a lui-même été pris dans une terrible tempête en mer, lorsque l’homme navigue, il devient le jouet de la puissance des éléments de la nature.
Cette lutte entre l’homme et la nature se manifeste également au XIXe siècle par la chasse à la baleine, animal très recherché pour de nombreuses raisons. Avec les fanons de baleines, on fabrique des baleines de parapluie ou de soutien-gorge, l’huile de baleine sert à l’éclairage public ou à la fabrication de savon, l’ambre gris des cachalots est utilisé pour fixer les parfums et se négocie à prix d’or.
C’est dans ce contexte que sa développe la chasse à la baleine, combat sans merci entre l’homme et l’animal, aux méthodes de plus en plus cruelles, jusqu’à la surexploitation…
25 ans avant que Turner ne réalise ce tableau, un fait divers fait le tour du monde : l’Essex, un baleinier américain, est attaqué par un cachalot. Les naufragés dérivent pendant plusieurs semaines, contraints à des actes de cannibalisme pour survivre. C’est ce fait divers qui inspire au romancier Melville l’histoire de « Moby Dick ».
Dans son tableau, peint 6 ans avant le roman, Turner oppose le blanc des voiles gonflées par le vent d’un baleinier fantomatique et le noir du cachalot qui se débat au premier plan à gauche. C’est presque une lutte symbolique, du Bien contre le Mal, qui se joue ici. Pourtant, qui est le méchant dans cette histoire ? Le monstre marin capable de s’attaquer au navire ? Peu visible dans l’agitation de la scène rendue palpable par les tons brouillés de gris et de brun et les traits de pinceau nerveux, le cachalot est ici plutôt la victime. Regardez le sang jaillir de l’animal !
Pour représenter l’animal, Turner s’est probablement inspiré de « L’histoire naturelle du cachalot » de Thomas Beale dont un exemplaire annoté a été retrouvé dans sa bibliothèque.
Vous voulez en savoir plus sur les baleines dans l’art et la littérature ? Ne manquez pas le nouveau podcast de Baleine sous Gravillon en collaboration avec Le secret derrière le tableau : « Tout un art ! La baleine ».
Où voir l’œuvre : MET de New-York
