La femme dans la baignoire d’Hitler de Lee Miller

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Avec cette photographie en noir et blanc d’une belle femme dans une baignoire, le regard un peu perdu, un peu dans le vague, on se croirait presque dans un film d’Hitchcock… La tension est palpable et pourtant vous allez voir qu’ici la réalité dépasse la fiction.

Cette belle Américaine, c’est Lee Miller. D’abord modèle pour le magazine Vogue, elle vient à Paris où elle rencontre le photographe surréaliste Man Ray. Elle devient sa muse mais se forme aussi à la photographie auprès du maître. Elle fait des photographies surréalistes et des photographies de mode pour le Vogue britannique.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle devient photographe de guerre pour Vogue. Avec David Scherman, elle suit l’armée américaine. Elle participe ainsi à la libération des camps de Buchenwald et Dachau dont elle immortalise l’horreur dans des clichés saisissants.

En avril 1945, quelques heures après leur passage à Dachau, David et Lee arrivent… dans l’appartement d’Adolf Hitler à Munich. Ils y passeront quelques jours. Découvrant la salle de bain immaculée, Lee Miller a l’idée de ce cliché qu’elle met en scène, demandant à David Sherman de la photographier. Ce jour-là, ils viennent de l’apprendre, Hitler s’est suicidé dans son bunker.

Le regard perdu sans doute encore dans les camps de la mort, elle se lave des horreurs dont elle a été témoin sous les yeux-mêmes de celui qui les a perpétrées. Regardez en effet le portrait du Führer, ridiculement petit, posé à gauche sur le bord de la baignoire. Au sol, les bottes souillent de boue, de la boue de Dachau, le tapis blanc. Cette mise en scène, dans laquelle le pommeau de douche est mis en valeur derrière Lee, rappelle celle, macabre, des camps de concentration où les plafonds des chambres à gaz étaient équipés de pommeaux de douche, raccordés à rien, pour faire croire aux prisonniers qu’ils allaient se laver. Dans ce cliché, la salle de bain, éclatante de blancheur, et la statuette de femme nue à droite dénoncent les théories hygiénistes de Hitler, le culte du corps parfait et vigoureux. Lee Miller prend possession des lieux, signifiant la fin d’une époque.

Traumatisée par tout ce qu’elle a vu, Lee Miller abandonnera progressivement la photographie et plongera dans l’alcool et la dépression.

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