Aujourd’hui je me ferai barde pour vous conter l’histoire représentée sur ce tableau, où se mêlent légende celtique et christianisme.
Pour l’amour de sa fille Dahut, le roi Gradlon a construit une ville au milieu de l’eau : Ys. Mais les fortifications de la ville dissimulent un lieu de débauche où Dahut profite de ses amants avant de les faire tuer au petit matin. Jusqu’à ce qu’un soir arrive un cavalier tout de rouge vêtu qui convainc Dahut de voler les clés des écluses de la ville que le roi porte toujours à son cou. L’homme en rouge, qui serait le diable, ouvre les portes des écluses et la ville d’Ys, Atlantide celtique, est engloutie à jamais sous les eaux, au fond de la baie de Douarnenez.
Regardez bien à l’arrière-plan du tableau, à gauche, vous pourrez l’apercevoir une dernière fois, avant qu’elle ne disparaisse dans la mer.
Mais ce que nous montre surtout le peintre, c’est la fuite du roi Gradlon, poursuivi par une terrible vague. Il est à droite, monté sur Morvarc’h, qui signifie cheval de mer en breton. L’animal, cadeau d’une fée qu’il a jadis aimée, a le don de galoper sur les flots. Au centre du tableau, Dahut s’accroche désespérément à la manche de son père mais celui-ci la pousse dans l’eau. Il y est encouragé par Saint Guénolé qui, juché sur son cheval, pointe le ciel pour expliquer au roi que Dieu exige que sa fille soit châtiée pour ses péchés. Mais la légende raconte que, lorsque son père l’abandonna aux flots, elle se transforma en sirène.
Aujourd’hui encore, les marins sont attirés par son chant. Et si vous vous promenez un jour de tempête le long de la baie de Douarnenez, vous pourrez peut-être entendre sonner, dans le vent déchaîné, les cloches de la cité engloutie d’Ys….