Lorsque, quittant son Espagne natale, Pablo Picasso s’installe à Paris, il est accompagné d’un ami, peintre lui aussi, Carlos Casagemas. Tous deux louent un atelier sur la butte Montmartre et commence alors pour eux la vie de bohème.
Oui mais voilà Casagemas tombe amoureux d’un jeune modèle, Germaine, et cet amour n’est pas réciproque. C’est bien connu, les Espagnols ont le sang chaud : Casagemas tire sur la jeune femme qui l’a éconduit, avant de retourner l’arme contre lui. Si Germaine échappe de peu au drame, Casagemas meurt, laissant son ami Picasso dans une profonde détresse.
Pour l’artiste s’ensuit alors ce que l’on nomme « la période bleue » qui s’étend de 1901 à 1904. A la mort de son ami, Picasso a le blues et cela se traduit par des tableaux qui sont des monochromies de bleu.
« La vie » est l’une de ces monochromies. A gauche, un couple enlacé et nu fait face à une femme plus âgée qui tient un bébé dans les bras. Picasso a donné à l’homme les traits de son défunt ami, Casagemas, et à la jeune femme ceux de Germaine. L’homme, grave, désigne de la main la femme a l’enfant dont le manteau bleu à la couleur traditionnelle de celui de la Vierge Marie. Elle fixe le couple avec un regard plein de sévérité.
Sur ce tableau se font face et s’opposent deux types d’amour : l’amour charnel représenté par le couple et l’amour maternel, familial représenté par la mère à l’enfant.
La femme à l’enfant symbolise la vie que Casagemas ne pouvait donner, du fait de sa stérilité, rendue définitive par sa mort.
Les deux tableaux derrière les personnages, qui suggèrent que la scène se déroule dans un atelier d’artistes, rappellent que l’art est nécessaire à la vie.
En 1978, une radiographie du tableau révèle qu’il a été peint sur une oeuvre plus ancienne : « Les derniers moments », oeuvre qu’il avait présentée à l’exposition universelle de 1900. Certes, les toiles sont chères et la vie est dure pour Picasso mais repeindre sur cette toile, c’est aussi rompre avec le passé. C’est pourtant le tableau « La vie » qu’il reniera quelques années plus tard, le qualifiant d' »horrible ».
En 1904, c’est au tour de Picasso de tomber amoureux, commence alors pour lui la « période rose ».. .
Où voir l’œuvre : Musée d’art de Cleveland.
Trés intéressant, même si la fin du texte évoquant la période rose de Picasso fût des périodes noires pour toutes ses compagnes.
Casagemas était hélas comme tant d’autres hommes prêt à commettre un féminicide : la non possession d’une femme le rendant fou. D’amour non, ça serait trop facile, fou, lâche et criminel oui.