Le clown bleu – Bernard Buffet

Souffrez-vous de coulrophobie ? Saviez-vous que c’est ainsi que l’on nomme la peur des clowns ?

Étrange, non, d’avoir peur d’un personnage créé pour nous divertir et nous faire rire ?

Et cette phobie existe bien avant le roman « Ça » de Stephen King.

L’inquiétante étrangeté du clown nait sans doute du fait que le maquillage nous empêche de deviner les sentiments et les intentions du personnage. 

Bernard Buffet a peint depuis le début des années 50 une série de clowns assez semblables à celui-ci.

Sous le maquillage très parcellaire se révèle la détresse de celui qui rit et nous fait rire.

La bouche pincée et les yeux tombants, les profondes rides du front et les joues creusées sont autant de signes de tristesse, d’épuisement, de lassitude.

Fatigué de nous faire rire, le clown, fatigué de tenir son rôle ? 

Ce clown est d’autant plus étrange qu’il porte les restes de maquillage de deux clowns différents et complémentaires.

Son œil droit est maquillé de blanc et, au-dessus de son œil gauche, s’étire un trait noir, c’est la signature : propre à chaque clown, elle souligne son caractère, son état d’esprit. Ces caractéristiques sont celles du clown blanc, le seul à l’origine, personnage poétique et lunaire, au visage blanc et au chapeau conique.

Son nez rouge, les traces de maquillage aux couleurs vives et les cheveux orange appartiennent à l’Auguste, le clown farceur, exubérant, qui nous fait rire par ses blagues et ses maladresses.

Le clown de Buffet, c’est donc autant le schizophrène et sa double personnalité que le bipolaire  qui oscille entre le rire et les larmes.

Mais s’il nous bouleverse, c’est aussi que le clown parle à notre enfant intérieur. Celui qui se souvient d’avoir senti derrière le masque des adultes quelque chose d’effrayant, d’avoir deviné qu’être adulte c’est jouer malgré soi dans la grande comédie sociale.

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